Témoignage anonyme
- SAB 69

- 10 mai 2021
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 août
J’ai été anorexique entre 21 et 25 ans.
Auparavant j’étais une jeune fille hyperactive, bonne élève, dynamique, pleine de projets.
J’ai commencé à restreindre mes apports lorsque je suis partie faire mes études supérieures Bac +4, dans une grande ville loin de chez moi. Financièrement c ‘était compliqué car j’avais dû quitter mon job d’étudiant en déménageant et je n’en avais pas retrouvé.
J’ai rapidement perdu du poids et cela me motivait pour continuer.
Je mettais en place des stratégies pour ne pas manger, en m’isolant socialement. Je faisais beaucoup de sport. Mes parents qui me voyaient de temps à autre ne se rendaient pas vraiment compte, je me planquais sous des vêtements amples, je trichais.
J’étais de plus en plus mal, déprimée, et je suis allée consulter de moi-même un psychiatre qui m’a rapidement orienté vers une clinique spécialisée à Paris. La prise en charge était très dure : pas de contact avec l’extérieur, pas de distractions, tout se gagnait « au poids ».
C’était vraiment très difficile pour moi qui était très indépendante. Je me sentais humiliée.
Je suis sortie au bout de six mois avec un poids « normal » que j’ai reperdu très rapidement, j’étais encore plus maigre qu’avant. Je suis retournée à l’hôpital, puis ressortie au bout de quelques mois. J’ai fait des allers-retours à l’hôpital pendant deux ans et demi.
J’étais très déprimée et je ne voyais pas comment je pouvais me sortir de cet engrenage infernal. J’ai fait plusieurs tentatives de suicides dont une qui a bien failli réussir puisque je suis restée plusieurs jours dans le coma durant lequel j’ai vécu une expérience de mort imminente. Cet évènement m’a « sauvée » car au cours de cet expérience j’ai dû faire le douloureux choix de vivre.
Ensuite, je me suis accrochée à ce choix et j’ai changé de stratégie. Je me suis tournée vers des thérapies moins médicalisée et plus orientée vers la réconciliation entre mon corps et mon esprit. Mes parents m’ont soutenue, se sont impliqués autant que possible. Ils ont de terribles souvenirs de cette période.
J’ai retrouvé la force de vivre petit à petit. Je me suis sortie d’affaire, avec une certaine fragilité quant au rapport à la nourriture, mais je n’ai pas rechuté depuis.
J’ai eu deux enfants qui sont ado et une vie professionnelle très riche.
Il y a quelques années j’ai été victime d’une agression et j’ai enfin compris pourquoi je m’étais autant acharnée contre moi-même. Mon esprit a levé le voile sur une période de mon enfance où j’avais été abusée par un proche. J’avais totalement occulté cela. J’ai pu mener l’enquête et avoir des preuves de cette maltraitance. L’auteur était décédé, je n’ai donc pas pu le traduire en justice. Mais j’ai pu reconstituer le puzzle de mon histoire et comprendre.


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